Alors que les standards ESG (Environmental, social, and corporate governance) deviennent une préoccupation majeure des investisseurs, l'impact sociétal et environnemental de la Tech est un angle mort des frameworks ESG. Fort de ce constat, la Human Technology Foundation a conçu en partenariat avec Amundi, la Banque Postale, l’I.O.R., EY Canada, la Royal Bank of Canada ainsi que la Hilton Foundation, un framework pour traiter cet angle mort préjudiciable aux investisseurs. L’objectif de ce framework est d’aider à évaluer l’impact sociétal et environnemental de la Tech via une méthodologie, des KPIs et des ressources dont un outil simple d’évaluation.
Le 11 juillet 2022, la Human Technology Foundation a remis ce rapport sur l’investissement responsable dans la technologie au Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Dans cet article, Jean-Baptiste de Franssu, président de l’Istituto per le Opere di Religione (I.O.R), et président du comité de pilotage du projet, nous éclaire sur les objectifs et les prochaines étapes de cet outil.
L’IOR a lancé depuis quelques années une politique stricte d’investissement respectant la doctrine sociale de l’Eglise. Au vu de cette démarche, nous nous sommes interpellés sur la place à réserver à la technologie dans nos portefeuilles et ceux de nos clients. Cet aspect devenait critique compte tenu de la place toujours grandissante que les nouvelles technologies prennent dans la vie de tout un chacun, surtout depuis les confinements. Comment juger au-delà des impacts positifs, les risques sous-jacents à ces évolutions et dans une certaine mesure les conséquences sur le bien-être de la société ? L’idée d’analyser ces tendances largement ignorées ou mal traitées dans les framework ESG existants, nous est alors apparue comme une nécessité.
“Aujourd’hui, il n’y a pas d’outils existants adaptés aux investissements technologiques”.
Il y a des outils très génériques qui traitent le secteur technologique de façon globale, autrement dit de façon macro, mais aucun outil ne propose une analyse à un degré micro.
L’outil proposé par la Fondation est une innovation par rapport aux frameworks actuellement disponibles. L’avantage du rapport est qu’il offre une analyse théorique, tout en proposant une solution pratique permettant d’intégrer des règles éthiques aux investissements technologiques.
La digitalisation rapide des entreprises dans de nombreux secteurs a brouillé la frontière entre les entreprises ”Tech” et les autres. À titre d’exemple, Amazon ne va pas rentrer dans les critères technologiques des indicateurs traditionnels. Amazon appartient-elle au secteur de la distribution (“Retail”) ? À celui des biens de consommation (“Consumer goods”) ? ou dans le secteur de la Tech ?
Ce que négligent les analyses d'impacts préexistantes, et qui constituent le cœur de l’analyse de la Fondation, sont les impacts sur la situation finale de l’utilisateur. Ceci est en cohérence avec les activités de la Human Technology Foundation dont l’objectif est de mettre l’humain au centre des innovations technologiques.
Les dispositions du rapport et de l'outil qui l'accompagnent sont totalement applicables à toutes les entreprises touchant aux secteurs numériques.
Après tout, ”le taux d'utilisation de cet outil sera la marque du succès de cette initiative”.
L’appropriation de ce framework dépend de la sensibilité des uns et des autres dans sa mise en application. Son usage est flexible et varie en fonction de qui vous êtes, ainsi que les valeurs que vous souhaitez valoriser.
Ceci est un premier pas très prometteur. On attend maintenant que cet outil devienne une référence de place et, potentiellement, qu’un OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) spécialisé dans la technologie et utilisant cet outil soit créé. Cela serait la meilleure illustration de la qualité du travail réalisé.
Quoi qu'il en soit, ce projet aura contribué à renforcer les outils mis à la disposition des investisseurs pour renforcer et approfondir leur gestion éthique ESG. Plus particulièrement, il nous rappelle que l’Homme doit essayer de maîtriser son destin et canaliser ces nouvelles technologies afin de ne pas perdre son humanité. Le progrès technique ne doit pas être une régression humaine et l’Homme doit toujours être au centre des préoccupations, particulièrement les personnes fragiles.
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