Le 27 janvier 2025, la Human Technology Foundation a présenté son rapport "IA et Futur du Travail – Enjeux et préconisations pour une utilisation responsable et performante de l’intelligence artificielle" lors d’un événement dédié réunissant experts, décideurs et partenaires au cœur de Paris.
Cette rencontre a permis d’examiner les impacts de l’intelligence artificielle sur le monde professionnel et d’identifier les bonnes pratiques pour une adoption éthique et efficace. La matinée s’est articulée autour d’une table ronde, animée par Éric Salobir, président du comité exécutif de la Human Technology Foundation, qui a réuni quatre figures majeures du secteur pour un échange approfondi sur les enjeux de l’IA dans le travail.
La table ronde a débuté avec Sana de Courcelles, Directrice et Conseillère principale pour les initiatives spéciales à l’International Labour Organization, qui a mis en évidence le rôle de l’IA en tant que levier stratégique, mais aussi enjeu politique et sociétal.
Elle a souligné que les choix technologiques opérés par les entreprises reflètent leurs valeurs fondamentales et influencent directement l’évolution des modèles organisationnels. Elle a également mis en garde contre les risques d’exclusion liés à l’automatisation des tâches, en particulier pour les femmes, plus exposées aux suppressions d’emplois.
"L’impact de l’IA sur l’emploi n’est pas neutre : 11 % des postes occupés par des femmes pourraient disparaître, contre 9 % pour les hommes."
Vinciane Beauchene, Directrice associée au Boston Consulting Group (BCG), a identifié trois obstacles majeurs auxquels les entreprises sont confrontées lorsqu’elles intègrent l’IA dans leurs processus.
D’une part, une approche trop technocentrée : les organisations se concentrent souvent sur l’implémentation technique sans repenser les processus de travail et sans accompagner les salariés dans l’adoption des nouveaux outils.
D’autre part, une vision trop restrictive de la productivité : lorsque l’IA est perçue uniquement comme un levier d’optimisation des coûts, elle suscite des résistances internes et freine son acceptation.
Enfin, un manque d’intégration des différentes transformations : l’IA ne doit pas être considérée isolément, mais intégrée dans une dynamique plus large visant l’amélioration de la qualité du travail, de l’expérience client et des conditions de travail.
"La vraie valeur de l’IA ne viendra pas d’une seule solution, mais de la capacité à mixer différentes approches."
La table ronde a également mis en avant les bonnes pratiques en matière de gouvernance de l’IA à travers le témoignage d’Amélie Watelet, Directrice des Ressources Humaines d’AXA en France.
Elle a présenté la stratégie d’AXA, qui repose sur une approche encadrée et conforme aux valeurs de l’entreprise, avec une gouvernance claire et un programme de formation pour accompagner les collaborateurs.
"L’IA éthique, c’est une gouvernance pragmatique mais sans concession. L’humain reste au centre : sa capacité à juger, innover et mettre en œuvre est primordiale."
L’adoption de ChatGPT par 65 % des 25 000 collaborateurs d’AXA illustre le succès de cette stratégie, qui repose sur une intégration progressive et une pédagogie adaptée.
Amelia Irion, Directrice des Ressources Humaines d’Air Liquide, a présenté les initiatives mises en place au sein du groupe pour intégrer l’IA au service des collaborateurs, notamment à travers le déploiement de licences Gemini pour les 66 000 employés, aussi bien dans les bureaux que dans les sites de production.
Elle a mis en avant l’apport de l’IA dans l’amélioration du suivi des équipements médicaux et de la sécurité au travail.
"Grâce à l’IA, nous sommes capables de monitorer l’usage des appareils à oxygène pour les patients à domicile. Ces données sont précieuses pour mieux former nos collaborateurs, améliorer les soins et optimiser les ressources hospitalières."
Dans les sites industriels, l’IA est également utilisée pour renforcer la sécurité des travailleurs.
"Dans nos sites industriels, l’IA nous permet d’analyser en profondeur les ‘near misses’ (presque accidents) signalés par nos collaborateurs, afin d’identifier les tendances et de prévenir les incidents."
Ce rapport s’inscrit dans une initiative ambitieuse visant à établir les fondements d’un dialogue mondial sur l’intégration responsable de l’intelligence artificielle dans le milieu professionnel. Il contribue également à la préparation de l'AI Action Summit, prévu les 10 et 11 février 2025 à Paris, afin de mobiliser les efforts internationaux pour un usage éthique et inclusif de l’IA.
Nous remercions chaleureusement toutes les parties prenantes experts, contributeurs, partenaires qui ont assisté a cet événement.